« Dormir sur la natte des autres, c’est comme dormir par terre, à même le sol ». Nous devons l’usage de ce proverbe africain à l’illustre homme de lettre, le professeur Joseph Ki-Zerbo (paix à son âme) qui s’en est inspiré pour le titre d’un de ses ouvrages.
Pourquoi une telle assertion ? Quelle relation avec notre dossier ? Je me suis tout simplement demandé, en ce qui concerne la gestion de nos richesses minières, si nous ne sommes pas en train de dormir sur la natte des autres en nous adossant pour l’essentiel sur ce que nous procurent les autres, les véritables bénéficiaires de l’exploitation de nos richesses minières.

Deux érudits africains, les professeurs Ki- Zerbo et Samir Amin ont consacré toute leur vie à essayer de nous convaincre qu’il n’y a pas de développement « clé en main ». Le développement africain sera endogène ou pas? Qu’est-ce qu’un développement endogène ? C’est lorsque le peuple est à la fois le moteur et l’artisan de son propre développement. C’est lorsqu’il n’est pas à la remorque des autres qui, en dépit de leur bonne volonté pour nous aider, connaissent et sauvegardent d’abord leur intérêt.
Pour se développer à partir de ses ressources minières, le Niger doit pouvoir maîtriser toutes les connaissances scientifiques et technologiques par la recherche, l’éducation et la formation, diriger et contrôler tous les investissements dans le domaine des ressources minières grâce à une volonté politique. Les potentialités sont connues de tous les Nigériens dès leur bas âge. C’est dès le cours moyen deuxième année ( CM2) que le maître d’école martèle aux jeunes élèves, la longue liste des ressources minières que renferme le pays : plomb, fer, or, gypse, tungstène, pétrole, phosphate, cassitérides, uranium, calcaire, marbre, molybdène, cuivre, charbon, eau minérale, sel, etc. J’en oublie certainement..

L’histoire récente est pleine d’expérience qui devrait nous servir de leçons.


Dormir sur la natte des autres, ce n’est pas créer les conditions optimums pour une exploitation rationnelle de toutes ses richesses minières. Dormir sur la natte des autres, ce n’est pas pouvoir faire du secteur minier un moteur de la croissance économique en réinvestissant systématiquement et massivement les revenus obtenus dans l’agriculture et l’élevage. Dormir sur la natte des autres, c’est se priver de toute ambition dans la recherche d’une indépendance énergétique en se dotant (individuellement ou collectivement) d’une technologie nucléaire dans un contexte géopolitique mondial caractérisé par une course effrénée vers cette technologie.

L’histoire récente est pleine d’expérience qui devrait nous servir de leçons. Que nous a apporté hier la Cassitérite dont les premières exploitations datent de 1948 ? Que nous apporte aujourd’hui la signature de dizaines de conventions d’exploitation de sites aurifères ? Les conditions d’exploitation des gisements d’Imouraren (suscitant exaltation des uns et inquiétudes des autres) constituent un véritable test. La nature de la convention est là pour nous édifier sur la volonté des pouvoirs publics nigériens de se débarrasser, une fois pour toutes, de «la natte des autres».