La république du Niger a 60 ans. C’est le 3 Aout 1960 que la République du Niger (proclamée en 1958) est devenue indépendante. Chez l’homme, 60 ans est l’âge mûr ; celui de la sagesse et du discernement propice à une longue réflexion en vue d’esquisser le bilan d’une vie.

Avant l’indépendance

Rappelons qu’avant l’indépendance le Niger a connu une domination coloniale puis l’avènement de la loi cadre (1956) qui a permis à la colonie de désigner leur chef de gouvernement. Les élections pluralistes favorisèrent l’arrivée de Djibo Bakary leader du Sawaba au pouvoir. Le général de Gaulle avait, on se rappelle, proposé aux territoires encore sous domination coloniale deux possibilités: le OUI synonyme de l’appartenance à un Etat fédéral, la communauté franco-africaine associant la métropole à ses anciennes colonies, le NON synonyme de l’indépendance immédiate. Cette proposition fut ainsi soumise à un référendum le 28 septembre 1958. Le chef du Gouvernement Djibo Bakary leader du parti Sawaba a fait campagne pour le NON tandis que le PPN RDA de Diori Hamani avait opté pour le OUI à la Communauté Franco-africaine. Djibo Bakary et ses partisans, à l’image de la Guinée de Sékou Touré, s’opposèrent farouchement à la proposition de la France. Les partisans du OUI, bénéficiant d’un soutien extérieur manifeste gagnèrent les élections.

Après 60 ans : qui a fait quoi, avec quels résultats ?

Même si le pays a connu 9 chefs d’Etat qui se sont succédé, les présidents, Daouda Mallam Wanké et Salou Djibo ne sont restés au pouvoir qu’un an pour assurer une période de transition. Le président Mamane Ousmane et le général Barré Mainassara un peu plus longtemps. Quant au Général Ali Seybou, qui a succédé au Président Seyni Kountché, il a dirigé le pays dans des conditions particulières. En réalité, seuls quatre chefs d’Etat (Diori Hamani, Seyni Kountché, Tanja Mahamadou et Mahamadou Issoufou ont pu bénéficier de périodes relativement longues leur permettant de mettre en œuvre des programmes de développement économique et social.

Au-delà des clichés et autres stéréotypes qui caractérisent chaque homme d’Etat, l’entretien que le journal Seeda a sollicité auprès de deux historiens politologues vise à faire ressortir une image (non caricaturale) que ces différents chefs d’Etat, acteurs et témoins de notre temps ont laissé à leurs contemporains. Il s’agit, à travers l’analyse et le regard critique de deux universitaires spécialistes de l’histoire politique de notre pays, de porter à la connaissance de nos concitoyens qui n’ont connu ces différents chefs d’état quelques empreintes inaltérables que chacun de ces présidents a pu laisser à la postérité dans les domaines économique politique, social ou culturel. Les deux historiens qui ont accordé une interview au journal Seeda sont dans leur rôle au triple plan éthique, académique et professionnel. Il s’agit de deux enseignants de rang magistral, spécialistes de l’histoire politique du Niger dont les publications parues dans de revues scientifiques internationales ont été évaluées par le CAMES. Leurs profils nous permettent de considérer qu’il s’agit d informations crédibles portées à la connaissance des lecteurs du journal Seeda.